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Christophe Fauré : « L’infidélité crée des souffrances en millefeuille »

Tromperie d'un soir ou nouvel amour, une infidélité crée toujours une grande souffrance car elle bouscule notre sécurité intérieure et réveille des blessures anciennes, explique le psychiatre  Christophe Fauré, auteur de  Est-ce que tu m’aimes encore ? Se reconstruire après l’infidélité (Albin Michel).

 

 

 

 

Découvrir que notre partenaire a une liaison est toujours un choc. Mais son impact est-il le même selon qu’il s’agit d’un coup de canif unique ou d’une infidélité chronique ?

 

Christophe Fauré : On pourrait se dire que l’un est moins « grave » que l’autre, plus facile à pardonner. Mais en réalité, on peut être aussi dévasté par une « petite » tromperie que par une « grande ». Car ce qui est en jeu, c’est notre sécurité intérieure. Celle-ci nous est d’abord donnée par nos parents, l’enveloppe protectrice dans laquelle ils ont su plus ou moins bien nous entourer, et la manière dont nous l’avons intériorisée. Tous, nous demeurons avec des failles que nous cherchons à combler en nous appuyant sur différents piliers extérieurs : des amis, un travail, une maison, mais aussi nos conjoints, qui comptent parmi les plus importants. Que ce pilier vacille et notre sentiment de sécurité est attaqué au pilon. Il en va aussi de la confiance : on a fait le pari fou de l’accorder à son conjoint, et on a été trahi. S’y risquer de nouveau va devenir compliqué.

 

Pourquoi notre identité même est-elle attaquée ?

 

Christophe Fauré : Parce que nous nous construisons aussi en tant que compagne ou compagnon de quelqu’un. Le couple que nous formons fait partie de qui nous sommes, à nos yeux comme à ceux de notre entourage. Si bien que lorsque notre conjoint tisse de nouveaux liens, nous nous sentons non seulement dépossédés mais aussi amputés.

 

 

L’infidélité met au jour des blessures anciennes…

 

Christophe Fauré : L’amour qui nous est enlevé réactive en effet des problématiques d’abandon, tandis que l’existence d’un ou d’une rivale réveille des dynamiques vécues dans la fratrie. La sécurité intérieure fragilisée, la confiance entamée, l’identité altérée, les blessures familiales réactivées… L’infidélité crée des souffrances en millefeuille. Il y a aussi l’humiliation causée par l’imaginaire : être « cocu » ou délaissée pour une « jeunette » est cuisant. Combien de temps faudra-t-il pour s’en remettre ? Difficile à dire. Mais parvenir à regarder pourquoi ce fait résonne en nous comme une tromperie, une humiliation ou un deuil aide certainement à panser les plaies.

 

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